75

C’était une maison décatie, légèrement en retrait par rapport aux autres dans la rue, dans un quartier résidentiel très calme, en partie habité par des personnes âgées.

Tous les volets au premier étage étaient fermés, remarqua Brolin, et il y avait de la lumière au rez-de-chaussée. Une Toyota au pare-chocs tordu était garée devant le garage en bois, au fond du jardin.

Brolin vérifia le nom sur la boîte aux lettres. C’était bien là.

Il hésita encore une fois.

Ne devait-il pas appeler Meats et tout lui raconter ? Lui expliquer ses déductions, et ce qu’il venait d’apprendre de la bouche même de Donovan Jackman ?

Combien de chances avait-il que ça ne soit pas une fausse piste, une de plus ? Meats n’avait pas de temps à perdre, à l’heure qu’il était, il se pouvait même qu’il soit déjà en train de passer les menottes aux poignets du tueur, après l’avoir identifié grâce au témoin.

Alors que faisait-il là, lui le détective privé supposé apporter à l’investigation un éclairage différent ?

Il exploitait la moindre piste. Voilà ce qu’il faisait. Ne rien laisser au hasard.

Il allait entrer discrètement, jeter un coup d’œil et, s’il ne trouvait rien de suspect, il confierait tous ses doutes aux flics qui feraient le boulot en toute légalité.

Et si tu te regardais en face pour une fois ! Est-ce si affligeant que de s’avouer la vérité ? Que tu espères avoir vu juste, et que tout au fond de toi, tu souhaites te mettre dans une situation particulière ! Hein, c’est ça ? Ce que tu veux, c’est provoquer cet imprévu, te trouver face au tueur, et jauger ta réaction !

Brolin coupa court à cette réflexion, il l’occulta en examinant le voisinage pour s’assurer que personne n’était en train de le surveiller.

D’un geste souple, il franchit la courte palissade et traversa la pelouse mal entretenue jusqu’au flanc droit de la demeure.

Par chance, le lampadaire le plus proche éclairait par intermittence, nimbant la rue d’une clarté sépulcrale. Brolin en profita pour longer le mur jusqu’à un soupirail. Il s’agenouilla dans la terre et enfonça sa tête dans le renfoncement de la paroi, pour être le plus près possible de la fenêtre. Cette dernière était opacifiée par une couche épaisse de crasse et de poussière et une araignée avait tissé une longue toile dans son angle. Par prudence, Brolin prit soin de se tenir à l’opposé du petit arthropode. Il posa une main sur le bas du carreau pour s’approcher encore plus près.

Il ne faisait pas tout à fait noir dans la cave, une pâle lueur émanait d’une des pièces.

Aucune ombre en mouvement, pas de signe de présence en bas. Cependant, la vitre était si sale qu’on ne pouvait être sûr de rien.

Brolin recula les épaules.

Il était encore accroupi dans la terre lorsqu’une silhouette passa dans son dos. Furtivement.

Le privé releva le visage et pivota pour se lever en se frottant les mains.

Il s’immobilisa en remarquant alors la présence à ses côtés. À cinq mètres.

Un gros chat noir avec ses yeux jaunes qui le fixaient, scintillants dans l’obscurité.

Il lui fit penser à un guetteur, surveillant le jardin.

Brolin fit un clin d’œil au félin qui ne le quittait pas du regard, pour se rapprocher de l’angle de la maison.

Il voulait voir s’il y avait une porte à l’arrière.

Juste avant de tourner, le privé se rendit compte qu’un des battants du garage était entrouvert. Le bâtiment était assez volumineux, suffisamment pour y stationner deux véhicules et quelques meubles.

Son attention dériva sur la Toyota. Le bas de caisse était vraiment proche du sol, et penché vers l’arrière. Le coffre était lourdement chargé.

Non, bien plus que si c’était un cadavre... Ne sois pas obnubilé.

Brolin quitta les ombres profondes du mur pour s’élancer à découvert.

Le grincement caractéristique de la porte-moustiquaire crissa depuis la façade arrière de la maison.

Brolin se laissa tomber et roula aussitôt derrière un arbuste.

Une personne se tenait dans la lumière jaillissant de la cuisine. Elle portait un sac dans une main, et semblait n’avoir rien remarqué.

Brolin dévisagea l’individu.

Comment avait-il pu se faire berner de la sorte ?

Qui se cachait réellement derrière ce faciès déterminé, cette démarche fière et assurée ? Ses épaules étaient droites, carrées, le maintien d’une personne qui pratique du sport, qui s’entretient. Sa ligne le confirmait, et Brolin devinait que ces mains pouvaient se refermer avec une poigne d’acier.

Tout ce sport n’avait rien à voir avec l’esthétisme du corps. C’était pour être en forme face à ses victimes.

Les doutes qui polluaient encore l’esprit du détective privé disparurent devant la transformation qu’il pouvait détailler depuis sa cachette. Ça n’était pas tout à fait la même personne. Il sut qu’il avait démasqué le responsable de toute cette horreur. C’était si évident à cet instant.

Brolin s’en voulut de ne pas avoir percé ce secret plus tôt. Il avait le coupable sous les yeux depuis le début ou presque, il avait guetté les réactions de tous ceux qu’il avait croisés, mais il n’avait pas ausculté l’ombre de chacun.

L’individu passa devant Brolin. Ce dernier fit coulisser son bras vers son arme. Il pouvait intervenir maintenant. Tout arrêter en une poignée de secondes. Pourtant il ne bougea pas.

Personne ne savait où il était, hormis Donovan Jackman qui avait fini par lui donner cette adresse. Et Brolin n’ignorait pas qu’une situation en apparence contrôlable pouvait dégénérer en un rien de temps. Surtout que la personne qu’il avait sous les yeux était imprévisible. Elle n’hésiterait pas, elle serait prête à n’importe quoi plutôt que de se faire arrêter, Brolin le pressentait au souvenir des actes criminels accomplis.

Non, pour une fois, il devait faire preuve de sagesse. Il devait prévenir Meats, qui pourrait être là avec un groupe d’intervention en moins de trente minutes.

La voiture est chargée, le tueur s’en va !

Alors s’il le fallait, Brolin le prendrait en filature.

L’individu ouvrit sa Toyota, posa son sac à l’arrière et referma la portière avant de faire demi-tour et de rentrer.

Le tueur faisait ses bagages, il quittait la ville, probablement la région.

Brolin hocha la tête. Le criminel avait délivré son message. A présent il partait pour ne pas risquer l’arrestation. Et qu’il le veuille ou non, Brolin savait qu’il allait recommencer. Ailleurs. C’était plus fort que lui, il souffrirait bientôt de ce manque qu’éprouvent les meurtriers en série dès qu’ils commencent à mer. Le sang est la plus puissante des drogues. Et il recommencerait. Il délivrerait au monde son message.

La porte arrière de l’habitation se referma. Et la tension aussi poisseuse qu’une eau usée quitta le jardin.

Brolin s’approcha de la voiture tout en restant courbé.

Son pied accrocha un fil tendu sur le sol, et le détective privé chuta en avant. Il emporta avec lui le fil et entendit un craquement de branche en même temps qu’un bruit de verre qui se brise.

Sans prendre le temps de se débarrasser du filet qu’il avait agrippé, Brolin recula à toute vitesse dans la pénombre des haies les plus proches. Le rideau d’une fenêtre bougea au rez-de-chaussée.

Joshua déroula avec des gestes très lents le fil qui s’était accroché à sa cheville. On avait tendu plusieurs filets dans les herbes, une installation rudimentaire qui passait inaperçue avec la nuit.

Le tueur devait s’en servir pour recueillir des insectes en plus de ceux qu’il élevait pour nourrir ses araignées.

Le privé guetta la porte qui ne s’ouvrit pas.

Après deux minutes, Brolin jugea qu’il pouvait sortir de son abri.

Que fallait-il faire ? Sortir sans tarder et appeler Meats et ses hommes ? C’était la décision la plus sage. Au fond de lui, Brolin la regrettait presque. Une part de lui souhaitait régler le problème tout seul.

Lui et le Monstre.

Lui seul pouvait vraiment comprendre sa nature. Son paradoxe.

D’une part, un monstre qui massacre des êtres humains sans aucune hésitation, et d’autre part, un être dont les souffrances exacerbées au long de son existence ont brûlé toute humanité. Et qui agit alors pour survivre, pour se créer des reliefs de vie, d’émotion. Un être qui détruit pour être.

Brolin anticipait l’instant où il entrerait dans la pièce, lorsque leurs regards se croiseraient, et que le tueur se saurait démasqué. Il verrait le reflet de ses propres terreurs, de ses doutes, dans les prunelles de Brolin.

Il n’y aurait pas de duel.

Brolin aurait déjà son arme au poing, il la lèverait et le tueur comprendrait que c’était ainsi que tout devait s’achever. Il deviendrait à son tour la victime, il verrait enfin son propre regard chez son bourreau, jusqu’à son dernier souffle.

Et il paierait pour les démons de Brolin.

Après... il n’y aurait plus que silence.

Joshua demeura à réfléchir pendant un moment. Annabel s’immisça dans ses pensées. La tempérance se dilua en lui.

Les pensées ne sont pas des actes, se répéta-t-il. Quels que soient cette haine et ce cynisme qui le nourrissaient, il ne les éluderait jamais par une justice tronquée, une loi du Talion au goût amer de Némésis.

Il relâcha la pression sur la crosse de son Glock qui resta dans son holster.

Ce qui n’empêchait pas de bien faire les choses.

La voiture était toute proche. Il pouvait au moins y jeter un coup d’œil.

Quelques pas chassés pour ne pas baisser sa garde face à cette porte arrière qui pouvait s’ouvrir sur la mort.

Des sacs s’entassaient sur la banquette arrière et sur le siège passager. C’était bien ça, le tueur partait.

Brolin fut alors attiré par un fin bourdonnement provenant du garage, encore un peu plus loin dans le jardin. La tentation le démangeait.

Juste pour s’assurer qu’il n’y a pas de danger supplémentaire là-dedans, pour prévenir la force d’intervention, et après je me tire et je passe ce coup de téléphone.

Ses mots sonnèrent creux, même pour lui. Il était question de soif de savoir, de curiosité dans l’antre du Mal.

Un dernier coup d’œil vers la porte. Toujours immobile.

Brolin courut jusqu’au garage.

Il se glissa à l’intérieur.

Immédiatement, il prit son crayon lumineux qu’il conservait dans sa pochette d’investigateur, toujours calée dans sa poche de jean.

Le mince faisceau qu’il délivrait dévoila un sol en terre battue.

Le bourdonnement était un peu plus franc, Brolin se guida à l’ouïe pour remonter jusqu’à un générateur qui tournait au ralenti. Il était presque arrêté. Un cadran indiquait une température et un autre l’hygrométrie. Ils étaient en chute libre.

Un gros tuyau en partait vers l’intérieur de la pièce. Brolin le suivit et s’arrêta presque dans la foulée.

Un mur de plastique l’empêchait de poursuivre. De sa lampe, Brolin tenta de distinguer ce qui se trouvait au-delà, il ne vit rien de précis. Il longea la paroi transparente jusqu’à dénicher l’entrée, une porte découpée par une fermeture à glissière qu’il fît descendre.

Était-ce la tanière du tueur, son sanctuaire ? Là où il éviscérait les corps, là où il retenait captives ses prisonnières avant de les mettre à mort ?

De l’autre côté, il faisait beaucoup plus humide et chaud qu’à l’extérieur. Brolin ne tarda pas à découvrir que le mur de plastique était en fait une face d’un grand cube isolé qui remplissait presque toute la surface du garage.

Il comprit brusquement où il était.

Sa lampe fouilla avec frénésie sur les côtés.

Des formes griffues. Des centaines de doigts noueux tendus vers lui.

Partout autour de lui, Brolin était cerné par ces mains horribles aux ongles tordus, aux manches flottantes.

Les extrémités d’une vingtaine de petits arbres de deux mètres de haut.

Des arbustes en plastique.

Couverts d’un linceul de soie.

Des dizaines et des dizaines de toiles recouvraient toutes ces branches, une peau de soie parait chaque parcelle de cet ersatz de végétation.

Et partout, des Nephila grosses comme des poings qui couraient au milieu de leurs pièges, traînant leurs abdomens boursouflés sur d’immenses pattes pointues, et agitant leurs chélicères comme autant d’armes tranchantes. Elles envahissaient tout l’espace et Brolin comprit en tournant sur lui-même qu’il avait eu une chance inouïe d’arriver au milieu de cet endroit sans en être couvert.

Il était au centre d’un terrarium géant. À dimension humaine.

Qui pouvait dire ce que le sol recelait encore comme horreur ?

Tarentule dissimulée sous la terre, en attente d’un pied se posant à proximité ? Mygale velue, se déplaçant vivement malgré son gigantisme ?

Le privé prit conscience que depuis qu’il était entré, ça n’était plus le bourdonnement du générateur qu’il entendait, mais le grouillement d’une centaine d’arthropodes.

C’était ici que le tueur recueillait la soie nécessaire à ses cocons.

Tout doucement, Brolin entreprit de rebrousser chemin. Il ne connaissait pas la dangerosité réelle de ces araignées. Soudain, une voix surgit dans son dos et il sentit en même temps sur sa nuque le souffle qui l’accompagnait.

— N’ayez pas peur, elles ne sont pas dangereuses. Brolin porta aussitôt sa main à son Glock et voulut amorcer un mouvement pour se retourner.

L’aiguille pénétra sa gorge sur le côté, il la sentit nettement s’enfoncer.

— Si vous bougez encore d’un centimètre, je vous injecte tout le contenu de cette seringue.

La main libre de son agresseur le délesta de son arme.

— Très bien, monsieur Brolin, et si nous terminions ce que nous avions commencé ?

L’aiguille s’enfonça encore un peu plus.

Et le produit se déversa dans le corps du détective privé.

Maléfices
titlepage.xhtml
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_000.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_001.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_002.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_003.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_004.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_005.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_006.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_007.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_008.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_009.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_010.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_011.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_012.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_013.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_014.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_015.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_016.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_017.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_018.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_019.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_020.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_021.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_022.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_023.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_024.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_025.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_026.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_027.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_028.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_029.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_030.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_031.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_032.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_033.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_034.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_035.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_036.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_037.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_038.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_039.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_040.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_041.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_042.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_043.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_044.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_045.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_046.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_047.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_048.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_049.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_050.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_051.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_052.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_053.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_054.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_055.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_056.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_057.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_058.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_059.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_060.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_061.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_062.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_063.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_064.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_065.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_066.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_067.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_068.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_069.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_070.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_071.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_072.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_073.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_074.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_075.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_076.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_077.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_078.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_079.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_080.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_081.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_082.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_083.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_084.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_085.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_086.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_087.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_088.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_089.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_090.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_091.htm
Chattam,Maxime-[Trilogie du mal-3]Malefices(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_092.htm